En 2013, après la publication de poèmes poèmes1, je recommence à dessiner. Les expériences poétiques sont passées en moi, ouvrant de nouvelles possibilités, y compris dans le dessin. En le libérant un peu du gel produit par mes études en histoire de l’art... Dans le dessin, maintenant, il y a moins d’attentes qu’en poésie, pas de «milieu», puisque je ne suis pas artiste-peintre, alors dessiner des ronds et des carrés c’est parfaitement possible. Et au début c’est ce que je fais. Des ronds. Des carrés. Qui forment de grandes sociétés. Avec des rencontres. Des transformations. Sur la page surgissent des traits, des couleurs, des prises de risques, qui déséquilibrent le tout, qui le mettent en mouvement, je dois m’adapter, chercher à former à nouveau un ensemble qui tienne à mes yeux, c’est une activité prenante, intuitive, dynamique, aventureuse, il y a de l’inconnu, c’est exaltant.
Suivant les périodes je dessine jusqu’à huit heures par jour, au point d’avoir mal à la main et puis après plus rien pendant un moment. Cette irrégularité me va bien. Le dessin est un espace où il n’y a que peu d’enjeu de reconnaissance. Je ne les montre que rarement, mais je vis avec, tous les jours. Le voilà maintenant exposés ici dans cette collection. Et c’est un plaisir de les voir ainsi rassemblés...
Peu à peu, poèmes et dessins se sont mis à dialoguer, car la langue écrite est aussi un dessin. D’une part les mots sont arrivés dans les dessins et d’autre part, j’ai aussi commencé à écrire en couleur (Compost), à écrire comme une peinture (Le Chant de fleurs)... L’exploration continue. Avec allégresse.