Le voyage d’Alina (un conte) 

aux éditions Nous, Paris-Marseille, 2022 

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Le voyage d’Alina est un conte qui joue avec le mode du conte. On y découvre les aventures d’une petite fille intrépide, un univers habité de rêves, de souvenirs, d’épreuves et de mystères, de découvertes et d’émerveillements. On s’y élance vers l’inconnu de soi-même avec joie et détermination, avec la certitude qu’il y a quelque chose à vivre qui vaut mieux que la souffrance.

Le livre évoque la violence de grandir, la libération du passé et l’ouverture formidable qui en découle, lumineuse et contagieuse. Avec tendresse et gravité, avec drôlerie aussi, il explore ce qui se déroule au plus secret d’une évolution intime et existentielle, là où le passé s’adresse au présent, et l’enfant à la femme adulte.

Éditions Nous

www.editions-nous.com

Format 15 x 20 90

pages

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Extrait 1 

Sur le visage d’Alina Ilmur il y a une tache. Elle s’étend de l’oeil gauche à la bouche depuis sa naissance. On ne peut pas la rater. Cette tache ressemble à la feuille d’automne de l’Acer palmatum, d’un même rouge terre et si grande que c’en est presque une main. Ainsi Alina Ilmur Philomène porte sa différence bien en vue. Quand elle se regarde, elle sait qu’elle ne ressemble à personne, ce fait l’entraîne suivre le chemin propre, la protège de l’illusion d’être normale, c’est-à-dire pareille, ce que certains veulent croire, car il y a bien du vent dans la personne humaine, aussi se sent-on plus fort quand on croit qu’on est semblable. 

p 36 

Presse

« Conte philosophique – quête d’identité, traversée de la douleur – Le voyage d’Alina prépare le chemin de l’amour pour les générations futures. C’est peut-être cela, raconter un conte : refaire le chemin vers le passé, tracer librement un autre chemin dans l’avenir, réconcilier et relier les temporalités. »

Julien Burri, Le Temps, 29 août 2022

 

« Ce récit commence de façon bien mystérieuse, un mystère touffu, planté de buissons de rêves, de souvenirs et de découvertes. Un mystère de conte, de fausse naïveté. La lecture du Voyage d’Alina, aventure ô combien onirique et intérieure, déroute d’abord, emporte ensuite. Il faut se laisser dépayser, ce récit ne ressemble à aucun autre. »

Julie Seuret, Le Quotidien jurassien, 7 juin 2022

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Présentation du livre par l’auteure

Le voyage d’Alina raconte ce mouvement intérieur si déterminant qui rapproche l’enfant blessé de l’adulte ; élan vers le sombre et main tendue à la lumière, chemin qui élargit la connaissance de soi, voie de dénouement des liens parentaux, c’est le conte de la différenciation humaine. Il brasse ensemble la peur, la colère et l’amour en un bouillon épais, trouble et douloureux dont notre volonté de vivre se nourrit pour laisser monter une force qui nous ouvre et nous relie.

Dans un moment d’écriture qui sait, bien avant que moi-même je ne sache clairement, est apparue Alina, cette enfant formidablement blessée et formidablement vivante qui s’élance à la rencontre d’elle-même. Sans savoir sur qui compter, sans rien connaître et presque sans rien comprendre, Alina Ilmur Philomène, multiple et encore embrouillée, s’élance dans la solitude de cette aventure intérieure avec détermination et joie, avec la certitude ancestrale qu’il y a quelque chose à trouver qui vaut mieux que la souffrance, avec cette confiance grave et légère qui permet d’accepter la douleur, comme la pâte accepte d’être pétrie pour devenir pain, croissant, biscuit, nouille ou spaghetti.

Grandir est le projet de la personne humaine, un projet qui demande du courage, mais aussi écoute et humilité face à ce qui bouge en soi dans l’attente d’être accompli. Aussi, Le voyage d’Alina use-t-il des outils concrets et détournés du conte pour évoquer ce qui se déroule au plus caché, parfois au plus insaisissable, tout en préservant le mystère de cette évolution intime, ses tâtonnements et son ouverture.

Des moments réflexifs viennent mettre en perspective l’histoire racontée et l’enrichir d’une dimension autobiographique. Car cette fillette vient vers l’aujourd’hui du récit, elle vient rejoindre l’adulte qui écrit, elle grandit pour tendre la main à son présent et réunir ce qui jusque-là était séparé ; elle est une part de ce que je suis.

Qui n’a pas laissé une partie de soi sur un territoire douloureux du passé ? Une partie qui continue de souffrir et d’entraver le présent ? Et qui ne désire pas profondément guérir de cette blessure qui est une déchirure ? La guérison est une transformation qui ébranle toute la chair tendre de l’intériorité en même temps que la chair plus raide du corps. Tout bouge ensemble et Le voyage... cherche lui aussi à englober cette totalité, non pas avec le désir de tout dire, mais avec le désir de suggérer les filets subtils qui englobent et unifient la personne humaine.

Aussi le texte avance-t-il par petites touches kaléidoscopiques, des morceaux clos sur eux-mêmes, qui peu à peu tressent une continuité et relient le présent et le passé. Y sont évoqués non seulement des moments de la vie d’Alina Ilmur Philomène, le contexte de son départ, ses espoirs, ses rêves et ses souvenirs, mais aussi les moments d’écriture même du texte, les bouffées d’espoir et les écueils que rencontre cette transformation. Ces morceaux réflexifs s’énoncent sur le ton de l’autobiographie, avec des adresses directes aux lectrices et lecteurs qui soulignent l’importance du partage de l’expérience évoquée. Car cet élan de guérison offre un espoir que j’entends transmettre. L’humanité est une qualité à conquérir, c’est une responsabilité, et la transformation qu’elle nous demande d’accomplir trouve sur son chemin l’acceptation de tout ce qui est, un élan du oui qui installe la réconciliation avec soi, avec les autres et dissout l’amertume, l’envie et la violence.

Le travail d’écriture a été tout entier tendu vers cette intuition résolutive : Alina est en mouvement en moi, elle bouge vers le présent de l’écriture. Ce personnage, qui permet la représentation du passé et des douleurs à transformer, vient renouer avec la personne que je suis aujourd’hui. La fiction vient rejoindre la parole du récit autobiographique pour ne former qu’un seul tout, vibrant de la vérité de l’expérience vivante.

Le texte s’est écrit sans plan et sans rien savoir de la trajectoire du récit. Il s’est écrit comme un poème, dans l’immersion rythmique et linguistique, dans la confiance en la langue et en ce qu’elle vient puiser en moi que je ne connais qu’à peine au moment d’écrire et que le texte en train de se faire vient révéler. À ce processus poétique souvent expérimenté vient s’ajouter ici la dimension narrative. Ainsi l’exploration littéraire accueille fiction et autobiographie pour dire l’errance du devenir, la violence de grandir, la nécessité de guérir du passé et l’ouverture formidable qui en découle, une ouverture lumineuse et contagieuse qui pourrait volontiers porter le nom d’amour.

Isabelle Sbrissa

Zoug, le 9 novembre 2021