Compost (anagrammes)
récit
Chaque page de ce texte présente les mêmes lettres, sous forme de «terre» , où le texte forme des agrégats de sens, et sous forme de «restes» qui s’envolent au ciel de la page et s’enracinent en son pied.
Chaque page est donc l’anagramme de l’autre. Pas de matière ajoutée mais un patient retournement du matériau premier pour constituer les 69 pages de ce Compost.
Un terreau haut en couleur et dont les tonalités se modifient suivant les saisons: des roses et jaunes éclatants de l’été, elles passent aux ocres et orange de l’automne puis aux noirs et blancs de l’hiver, avant de revenir au vert avec le printemps. Toujours les mêmes lettres qui suivent le cycle des transformations saisonnières, les aléas du dehors comme les changements subtiles et parfois houleux du dedans.
Déployé entre récit, dessin et musique de la langue, le texte prend le vivant comme modèle pour refonder l’imaginaire de l’être humain en la danse fluctuante et fluide de la transformation perpétuelle.
Qu’est-ce qu’un être humain ? Ce n’est pas une entité fixe et solide, c’est un mouvement !
Ce texte cherche sa maison d’édition.

jesuis
un livre pour les enfants dès 10 ans
Une combinatoire pour les enfants ! Pour les initier à la magie poétique !
144 lettres toujours les mêmes et de la même couleur d’une page à l’autre, pour raconter la promenade d’un.e enfant ou sa vie, le lien à la nature, au jeu, aux autres, la traversée des émotions, le prise de conscience de soi et l’ouverture à l’immensité qui nous accueille.
Ce texte est en cours de travail
jmanvè
roman
Voilà un projet de roman. Un roman d’aventures. Où l’intensité du quotidien est telle qu’elle le transforme en exploit. Ici on s’en va dans la chair, dans l’émotion, dans l’esprit, dans l’énergie et dans l’immatériel, on s’en va au-dedans et au-dehors de soi, dans le mystère et dans l’incarnation, pour expérimenter ce qui est.
jmanvè est aussi un roman d’apprentissage. Qui enseigne à devenir soi. Par la confrontation aux autres, par l’expérience de la diversité merveilleuse et contrastée du réel, par la conscience qu’on a de ses actes et par la responsabilité.
Et puis jmanvè est enfin une procédure: s’en aller dans la langue et dans ce qu’elle charrie de récits. Sans contrôle, sans programme trop précis, sans plan, mais avec confiance, pour laisser surgir du plus profond de moi-même tout ce qui est vivant.
Dans ce texte, une multitude de figures sont déjà apparues, mais Fiama et Enzel sont les personnages principaux. Ce sont deux parties de moi-même, l’une plus adulte, l’autre plus enfant, qui se complètent et s’encouragent dans leur élan de découverte. Chacune dit jmanvè à sa manière: bravache pour Enzel qui a besoin de se définir pas le non, et plus complexe pour Fiama qui sait ajouter jrevyin.
La langue aussi dit jmanvè dans ce roman. Elle s’en va dans la parole, y désintègre ses codes, y bouleverse son rythme, y trouve une source qui la vivifie. Écrit et oral, ensemble, composent ici un tout de la langue: capable d’évocation et de narration quand elle estompe sa présence; capable de jeu, de musique et d’inventivité quand elle se montre et virevolte. Deux rythmes de lecture aussi, l’un plus rapide et fluide dans la langue écrite, l’autre freiné, surpris, dans les dialogues qui singent l’oralité. Le texte tresse ces deux modes, qui rendent leur acuité aux scènes évoquées, qui les propulsent dans un présent hyper-présent, tout près de nous qui lisons, comme si le monde venait nous sauter aux yeux, aux oreilles et au coeur.
Extrait du premier chapitre
non jvïinpa
dit Enzel en se frottant les yeux. Il y a du vent, il y a du cru, il y a du sel, dans cette nuit sombre. Enzel distingue à peine la forme de Fiama. Partir, bon, mais pourquoi justement quand il fait noir ?
alé ssèèqssitan
vazitoi ssituvoe
Plantée au bord du chemin, tournée vers la cavité bleu gris de la nuit, Enzel regarde là-bas. Obstinément. Comme si Là-Bas était un village, qu’on pouvait voir ses lueurs ou s’intéresser à la silhouette de son église. Les poings dans les poches, elle fixe Là-Bas, son noir opaque, son étendue obscure qui n’a pas de fin. Et qu’est-ce qu’il y a là-bas ? Impossible à dire tant le duveteux nocturne efface tout contour. Elle a honte, Enzel, de ne pas vouloir filer dans la nuit. De trouver ça ni marrant ni excitant. Elle est venue jusqu’ici mais maintenant non. La peur est montée, c’est foutu. Et quand alors ? Quand on aura fait sa valisette, prévu son horaire et économisé ses sous ? Quand on aura sagement dit au revoir, embrassé la mère, salué le père et pleuré un coup ?
qan in ? qantussramorttptètr ?
ajoute Fiama désolée de ce peu d’esprit d’aventure. Sa robe flotte sous le vent, ses mollets frissonnent, elle aime ça, Fiama, quand elle sent l’air la pousser en avant.
alééé alééééé aléééééééééé
lui souffle la brise sombre. Tout est bien noir, et c’est ce qui plaît à Fiama, le secret et l’indistinct, quand on ne sait plus rien, qu’on ne voit ni direction ni repères, quand tout est recouvert de mystère et que tout reste à découvrir. Découvrir ! Combien de fois elle le répète, ce mot, aux oreilles rétives d’Enzel qui boude toujours un peu plus. Découvrir! Un sésame qui instantanément ouvre sur le vivant, et elle le sent Fiama, ce vif qui frétille dans ses poumons, qui, dans son coeur, bat de la queue comme un poisson.